tribune libre

Saturday, June 09, 2007

Ca bouge à Bar-Le-Duc

A tous les visiteurs de la tribune libre ..

Un concert au allure punk et avec quelques groupes rock aura lieu le JEUDI 5 JUILLET 2007 à 20h00 environ à LA CHAPELLE DE LA LIBERATION à BAR-LE-DUC.

L'entrée au concert est d'1€. Malgré que celle-ci soit payante, le concert reste à but non-lucratif. En effet, cette piéce de monnaie (ou les plusieurs piéces si vous payez avec des centimes) servira ou serviront à rembourser les frais de location de la salle et plus tard si il y'a un excédent à financer d'autres concerts.

Aprés ce paragraphe servant à la justification du prix, voici les groupes qui seront présent. La liste n'est pas définive, des changements peuvent encore avoir lieu.

- Caporal V (rock). Organisateur du concert (merci les gars !! hein !!!) Bien que leur batteur soit absent, ils ouvriront peut être avec une session acoustique. Cela reste à confirmer

- Les Postiers (punk).

- The Kitchs Lorraines (punk)

- NSU (punk)

D'autres groupes vont peut être aussi présent mais je n'ai sais pas lequel. On va considerer ce manque d'information comme une SURPRISE !!!!

Si vous ne savez que faire de cette soirée. Venez donc assister à cette expérience musical. Pour ceux qu'ils veuillent se rincer le gosier, il y'aura peut être une buvette mais de toute façon, si elle n'est pas présente, vous savez ce qui vous reste à faire...

En éspérant vous voir ....

Thursday, May 24, 2007

Télérama...

Aux premiers instants, on se dit que les Ogres ne changent pas. Qu’ils dé-vorent et déversent toujours les mêmes ambiances néoréalistes et néofestives, quelque part entre Têtes raides et Négresses vertes. Puis, peu à peu, la musique se colore de teintes moins habituelles : ici, c’est un rythme de valse qu’on croirait sorti d’une chanson de Brel ; plus loin, des sons africains et birmans…

De ce point de vue, leur dixième album est le plus abouti et le plus séduisant. On n’en dira pas autant des textes. Non pas qu’ils soient mal écrits, mais ils sont tellement convenus ! Les figures obligées du politiquement correct s’y succèdent à intervalles réguliers, du couplet repentance à l’adresse de l’immigré (et chanté en duo avec Magyd Cherfi), au manifeste « gay friendly », plein de bons sentiments. Même Daniel Mermet et Albert Jacquard y jouent les invités surprise ! Et quand le groupe, engagé, a le beau culot d’aborder les thèmes moins éculés de l’excision et du voile, il le fait moins subtilement que Jeanne Cherhal. Le jour où Les Ogres affineront leur plume autant que leur partition, la fête sera complète.
Valérie Lehoux

Friday, May 11, 2007

Du nonosse..

Deux frères de 9 et 11 ans risquent d'être inscrits au fichier des
empreintes génétiques pour avoir volé deux balles rebondissantes et deux
tamagotschi dans un hypermarché du Nord, indique /Le Parisien /du samedi
5 mai.
Le père des deux enfants a d'abord pensé que les gendarmes voulaient les
impressionner, lorsqu'ils se sont présentés à leur domicile. "Ils
venaient nous apporter une convocation pour vol dans la mesure où le
magasin a porté plainte, a expliqué le père au /Parisien/. Ils ont
expliqué à mon fils aîné qu'il serait photographié, qu'on lui prendrait
ses empreintes digitales et aussi ses empreintes génétiques, ajoutant
même que mon fils ne pourra pas forcément faire le métier qu'il veut
plus tard car il sera fiché !"

*Utilisation abusive
*
Le père, qui pensait que le fichage génétique ne s'adressait qu' aux
délinquant sexuels, et aux adultes, il ne voulait pas croire que l'on
conserverait des échantillons d'ADN de ses fils dans les fichier
national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg).
Or, /Le Parisien/ rappelle que la loi du 17 juin 1998 visait surtout à
protéger les mineurs des agressions sexuelles. Mais depuis 2003, son
application s'est élargie à de nombreux crimes et petits délits. /Le
Parisien/ précise également quel a loi ne prévoit pas d'âge minimum.
Le père a déjà affirmé au journal qu'il s'opposerait à tout prélèvement.
Pour Josiane Bigot, magistrat et président du Réseau pour l'accès au(x)
droit(s) des enfants et des jeunes, "cette situation met en lumière les
dérives possibles de l'utilisation abusive du fichage génétique.

Sunday, January 14, 2007

Vous avez dit Minables ?

Dans le cadre de ses rendez-vous musicaux, le Madison Nuggets accueille samedi à Bar le Duc, les Minables, des amoureux fous de la musette déglinguée.

« On a choisi le nom du groupe parce qu’on n’a jamais pris au sérieux ce qu’on faisait » (Note de la Tribune Libre : mouais, à voir). Voilà. C’est dit. Et c’est Mathieu Kraemer, l’un des deux fondateurs des Minables avec Julien Mathieu, qui l’affirme haut et fort. »On était ensemble à la fac d’histoire. On jouait principalement dans la rue, des reprises des Têtes Raides et des Ogres de Barback. On venait de commencer l’accordéon tous les deux ».
Riche année 2000. Au cours de laquelle les deux natifs de Bar le Duc se font un malin plaisir de toucher au répertoire des chansons françaises engagées. »Et puis Stephane Peroine est arrivé avec sa contrebassine. Une poubelle dotée d’un manche à balai et d’une corde. Ca donne un son entre la basse et la percussion poursuit Mathieu, instituteur à Parey-saint-Cézaire, à proximité de Neuves-Maison.
Les premières prestations du nouveau trio s’enchaînent, toujours dans la rue mais aussi dans les bars et les associations. En 2003, les Minables se renforcent et prennent leur véritable identité avec l’apport d’un saxophone, d’une guitare et d’une batterie. « Ca nous apermis de faire des morceaux plus pêchus et surtout de réaliser nos premières compositions ». De se produire sur la scène de plusieurs festivals (NDTB : Ah bon ??) dont celui d’Avignon en 2004.
Avec un trombone en plus (Franck Sinot (NDTB :en fait, Florent Finot), les Minables répètent aujourd’hui une fois par semaine dans les locaux de la MJC du Haut du Lièvre. Avec une vingtaine de concerts à son actif en 2006, la formation vient de sortir son premier album cinq titres en novembre dernier. »Autoproduit, il a été tiré à 500 exemplaires. Il s’agit d’une première approche pour réaliser un CD. » observe Mathieu, toujours à la recherche de dates pour de futurs concerts.
Invités au Nugget’s à se produire samedi 13 janvier dans le cadre des RDV musicaux, les Minables auront l’occasion de proposer au public une large palette (NDTB : la totalité !!) de leur répertoire. »Il n’y aura que des compositions (NDTB ; pas vrai !!). Notre style, c’est de la musette déglinguée ou java punk. Assez rapide avec beaucoup d’acoustique ».
On ne demande qu’à écouter.

N.G

Thursday, November 23, 2006

Je ne suis pas un hard-core gamer. Ce n’est pas une supplique désespérée dénotant un obscur désir de normalité. C’est un fait. Certains, pourtant, en doutent. Comme si on devenait hard-core par le temps passé à jouer. C’est vrai qu’au-delà d’un certain nombre d’heures par semaine, on a tendance à classifier les joueurs dans une catégorie bien spéciale. Mais le hard-core gaming, c’est autre chose. C’est un rapport au jeu que je n’ai pas.

Avant d’aller plus loin, une précision. Je ne veux pas m’attribuer la réflexion d’un autre. C’est celle du game designer Ernest Adams, chroniqueur talentueux du site Gamasutra. En août 2000, il écrivait : « les core gamers jouent pour le plaisir de battre le jeu ». A l’époque, alors que je commençais à peine à m’occuper des jeux à Libé, j’ai trouvé que c’était la définition la plus pertinente. Six ans plus tard, j’en suis convaincu. Pour ma part, je joue pour le plaisir d’être transporté dans un autre univers, de remporter des défis, et pour toute la palette d’émotion que le jeu peut procurer.

Je sais qu’il est souvent prétentieux et inutile de sortir une définition de son chapeau (ou de celui d’un autre). Mais celle-ci permet d’éclairer les rapports existants entre les joueurs et les jeux. L’exemple le plus criant est celui de la gestion de la frustration et de la récompense. Cet équilibre est l’un des points les plus importants du game design. Et la perception de la frustration n’est pas la même qu’on soit hard-core gamer ou pas. Un obstacle dans le déroulement d’un jeu (énigme, boss, etc.) est pour le joueur « lambda » une étape dans sa progression vers la suite des événements. La principale récompense est alors de pouvoir avancer et continuer sa progression. La frustration est donc de stagner, d’être bloqué. Cet obstacle se doit alors d’être savamment dosé pour, d’un côté, jouer son rôle d'épreuve (la récompense n’en est que plus appréciée), et de l’autre ne pas enlever au joueur toute velléité de persévérer. Je me souviens encore de mon désespoir face à Ninja Gaiden. Au bout d’un nombre incalculable d’affrontements vains face au premier boss. J’ai vite abandonné.

Pour le hard-core gamer, la récompense tient au fait de franchir l’obstacle, d’avoir été capable de le faire. Sa tolérance à la frustration est donc autrement plus élevée, vu qu’il joue principalement pour ces moments. En caricaturant, ce qui se trouve entre les obstacles (scénario, personnages, univers, etc.) n’est pour lui qu’un remplissage décoratif. Le méchant imbattable, l’énigme tordue, les échecs à répétition, c’est pour lui. Ca tombe bien, je lui les laisse.

Je ne suis pas un hard-core gamer, et pour tout dire, je ne m’en porte pas plus mal. C’est une approche du jeu vidéo que je trouve très limitée et, pour tout dire, plutôt rétrograde (les fins connaisseurs reconnaîtront ici un troll de belle facture). Mais je ne parle pas tant du fait de jouer de cette manière (la liberté de jouer de la façon qui nous plait est le premier article de la déclaration des droits du joueur), mais d’évaluer la qualité des jeux, ou pire, d’en concevoir, via ce prisme. Mais je suppose qu’une bonne moitié d’entre-vous ne partage pas forcément cet avis…

E.C.

Saturday, November 11, 2006

Report suspicious activity


Vive les bienfaisances technologico-sécuritaires de notre meilleur des mondes!

Petites illustrations:

En cette période d'insécurité permanente et croissante, de dangeureuse instabilité sociétale et de terreur quotidienne, soyez enfin rassurés grâce au futur équipement de nos gardiens de la paix, équipement redoutable et donc indispensable, The Taser. Plus de balles, plus de sang, juste une petite décharge de 50 000 Volt, ah enfin une arme d'intervention et de répression décente et efficace. Ci dessous un petit descriptif du providentiel Taser X-26 (putain rien que le nom fait flipper...), petite vidéo histoire d'apprécier l'engin et enfin pétition et informations complémentaires sur le site du RAIDH. En tout cas, notre cher Juju visionnaire a bien raison va falloir se préparer pour faire face à ça...

Sinon toujours dans la série "tout va bien", encore et toujours direct from USA forcément, enfin la solution face au problème d'immigration: la délation, oups pardon j'voualis dire la dénonciation responsable et citoyenne. Des webcams disposées le long de la frontière mexicaine, un site internet avec les images en live et un seul clic suffit pour prévenir les autorités mexicaines que des 'ricains veulent s'incruster chez eux! Mais oui mais c'est biensûr comment n'y avions nous pas pensé plus tôt... J'en appelle donc a votre courage pour aider la justice étatsunienne en allant, de ce pas, visiter le site en question: http://www.texasborderwatch.com/ (disponnible uniquement via le navigateur Internet Explorer, parce qu'il ne faudrait quand même pas faire de la concurrence déloyale à Microsoft en utilisant Firefox). En tant qu'honorable serviteur, je vous ai même créé une adresse mail et un mot de passe pour que vous puissiez plus facilement participer à ce formidable élan d'humanité. Dans "Email Address:" vous tapez "texasranger@hotmail.fr" et dans "Password:" "naGm2C9C"

A quand le ball trap direct live de mexicains à coup de Taser X-26???

SSigné: Chuck


1.0 QU’EST-CE QUE LE TASER ?

« La porte s’est brusquement ouverte, on m’a tiré dessus. L’impact m’a mise par terre, comme une décharge électrique dans tout le corps. J’ai eu très mal, une accélération cardiaque, j’étais paralysée, j’ai cru mourir. »

Témoignage de Mme R., détenue à la prison des Baumettes, électrocutée par Taser, alors qu’elle ne présentait aucune menace selon la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité(1).

1.1 Une technologie au service de la douleur

Le Taser est une arme incapacitante dite « à transfert d’énergie ». Elle se présente sous la forme d’un pistolet en plastique jaune et noir. Assistée d’une visée laser, cette arme « de défense paralysante » propulse grâce à une cartouche d’air comprimé deux électrodes (prolongées par deux aiguilles de 5 cm de long qui transpercent les vêtements et s’accrochent à la peau, à la manière d’un hameçon).

Reliées à un fil très fin, les électrodes transmettent une décharge électrique de 50 000 volts allant de 3 ampères à 2,1 milliampères en moyenne au contact de la cible. Le rayon laser et le filin permettent de viser et tirer jusqu’à 7 mètres de distance. Le Taser peut également être utilisé comme une arme de poing adressant des décharges électriques par contact direct sur la peau (sans usage du filin donc).

Le faisceau rouge du laser et le bruit de son arc électrique sont particulièrement effrayants.

Cette décharge va immédiatement « couper la liaison » entre le cerveau et les muscles créant une rupture électro-musculaire.

Le Taser permet d’effectuer des tirs consécutifs. RAIDH a no

Wednesday, September 06, 2006

Foofoot


Thuram irrite la droite en invitant des expulsés

Le footballeur international Lilian Thuram a suscité la colère de la droite en invitant au Stade de France pour le match France-Italie des étrangers expulsés en août du squat de Cachan, dans le Val-de-Marne.

Selon Fidèle Mitiema, porte-parole des étrangers de Cachan, la star de l'équipe de France aux 122 sélections a invité 81 personnes à venir assister au match-revanche de la finale de la Coupe du monde de football, comptant pour les éliminatoires de l'Euro 2008.

SOS-Racisme parle de 70 invités. Le capitaine de l'équipe de France, Patrick Vieira, d'origine sénégalaise, n'est pas à l'initiative des invitations mais soutiendrait la démarche, selon une association proche des étrangers.

Plusieurs centaines d'étrangers africains campent depuis près de trois semaines dans un gymnase de cette ville après une première évacuation par la force le 17 août du plus grand squat de France, une ex-résidence universitaire.

Ils demandent qui une régularisation, qui un logement social et le dossier suscite une tension croissante entre mairie de Cachan, associations de défense des étrangers et préfecture.

"Les joueurs sont bien libres d'inviter qui ils veulent. Je tiens simplement à dire à la Fédération française qu'elle soit vigilante à ce qu'un match de l'équipe de France ne soit pas instrumentalisé", a dit à la presse le ministre des Sports Jean-François Lamour.

Sur RTL, Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France et candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle, s'est dit "choqué" de voir "des milliardaires donner des leçons".

"Les footballeurs sont faits pour jouer au football. Je pense que Thuram et Vieira peuvent aller plus loin et loger chez eux les sans-papiers de Cachan, les nourrir, leur fournir le gîte et le couvert", a-t-il ironisé.

Un proche du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, le député UMP Yves Jégo, a jugé aussi sur RTL que Lilian Thuram "grand sportif, se (révélait) être un piètre individu sur le terrain de la politique".

"BLACK-BLANC-BEUR"

L'initiative est personnelle et n'engage ni l'équipe de France ni la Fédération française de football, a dit à Reuters un porte-parole de la FFF. Lilian Thuram pourrait s'exprimer sur le sujet après le match de mercredi soir.

Les associations soutenant les étrangers de Cachan ont souligné que la quasi-totalité des ex-squatteurs étaient en situation régulière, voire de nationalité française. Ils ont même souvent des emplois déclarés mais attendent depuis des années un logement social dans le parc parisien saturé.

"Les inviter au Stade de France, ce n'est pas récompenser ceux qui fraudent (...), c'est donner un moment de répit à des personnes victimes d'injustices créées par les politiques", estime SOS-Racisme dans un communiqué.

Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, a jugé "particulièrement choquants" les commentaires de la droite et salué "l'initiative d'une grande beauté" de Lilian Thuram.

Ce geste doit être suivi d'une forte mobilisation des citoyens, des élus ", a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Le dossier s'est compliqué récemment car des étrangers sans papiers sans rapport avec Cachan viennent s'installer dans le gymnase. La préfecture a annoncé qu'elle limiterait ses offres de relogement à 102 familles soit environ 220 personnes, mais la mairie a recensé 516 occupants dans le gymnase.

"C'est très bien que (Lilian Thuram) nous soutienne, comme ça la France sait que nous sommes toujours là. L'équipe de France reflète bien la France", a dit Fidèle Mitiema à Reuters.

"Nous sommes tous les mêmes, black, blancs, beurs. C'est quelque chose d'avoir ces invitations", a-t-il ajouté.

Originaire de Guadeloupe, Lilian Thuram, qui a grandi en banlieue parisienne, bénéficie d'un immense prestige dans le monde du football et s'est déjà exprimé à plusieurs reprises, notamment pour exprimer son désaccord avec Nicolas Sarkozy.

L'équipe de France "black-blanc-beur", qui avait été élevée en 1998 au rang d'emblème de la diversité ethnique du pays, a été fréquemment brocardée par le leader d'extrême-droite Jean-Marie Le Pen, qui a même déploré l'été dernier "la proportion excessive de joueurs de couleur".

Lilian Thuram, international depuis 1994, avait alors répondu : "Je ne suis pas noir", tandis que le sélectionneur Raymond Domenech lançait : "il y trop de cons en politique."

Lewiiis


Le mercredi 2 juin 2004, à « minuit et des brouettes », il est arrivé à ce constat : cela faisait quatre-vingts jours qu’il n’avait pas dessiné la moindre planche d’album. Arrêt sur images. Besoin de savoir s’il avait encore envie, et de quoi ? « En quatorze ans, je ne m’étais jamais arrêté... » constate alors Lewis Trondheim. Ainsi commence Désœuvré, un essai dessiné, bref mais dense, où, sous prétexte d’enquêter sur la fin de carrière de quelques grands anciens qui n’ont pas tous très bien vieilli, cet auteur de 40 ans tout juste, reconnu, célébré comme un des plus originaux de sa génération, dévoile crûment une angoisse persistante : il craint plus que tout de se répéter. « C’est ma paranoïa de base », avoue-t-il aujourd’hui.

Créateur aussi fécond qu’imprévisible, il n’est jamais là où on l’attend, traçant une route escarpée entre séries populaires de qualité et apartés expérimentaux plus confidentiels. Trondheim est un brillant inventeur d’histoires – il travaille depuis une année sur un récit-fleuve consacré à « la fin crépusculaire » des pirates dans l’océan Indien au XVIIIe siècle. Et personne ne sait comme lui goupiller de drôles d’aventures sans paroles (celles, furieusement burlesques, de La Mouche, dès ses débuts, sont restées un modèle du genre). Il n’a qu’un secret, paradoxal au possible. « Je ne me suis jamais senti dessinateur, affirme-t-il dans Désœuvré. J’avais envie de raconter des histoires. J’ai fait ce que j’ai pu avec mon dessin. »
Quand il sort de l’école de graphisme publicitaire où il s’est inscrit « pour rassurer [s]es parents », il est sûr d’une chose : il a encore tout à apprendre. Il décide de s’exercer de manière intensive. Cela prend du temps — un an —, et cinq cents pages plus tard, il trouve un titre énigmatique et rigolo, Lapinot et les carottes de Patagonie. Dessin minimal, fantaisie maximale. L’intrigue sans queue ni tête n’est qu’un tremplin pour son imagination en roue libre. Trondheim livrera plus tard un mode d’emploi parfaitement inutilisable : « L’histoire s’est déroulée sous mes yeux, les personnages agissant à leur guise, tirant la couverture les uns sur les autres. Mon seul rôle ne consistait plus qu’à organiser ce chaos. Mais en fait, comme on peut le voir, je n’ai pas fait grand-chose. » On est au début des années 90. La dimension hors norme du projet annonce un auteur inclassable. A la même époque, une bande de « pistoleros » sans foi ni loi entreprend de mettre les stéréotypes en coupe réglée ; de fait, il va se retrouver aux avant-postes. Avec Jean-Christophe Menu et quelques autres, Trondheim cofonde L’Association, camp de base éditorial pour auteurs en devenir et en rupture de ban. La fameuse « nouvelle bande dessinée » émerge. Passons puisque cette étiquette-là est devenue cliché et que rien n’agace plus Trondheim que les clichés. « C’était une époque très fertile », coupe-t-il.

Quand Lapinot repointe ses grandes oreilles et ses panards démesurés, dans Slaloms, c’est aux normes d’un album classique, chez un gros éditeur (Dargaud). Mais sous un trait simple, rapide, très vivant, et dans des décors stylisés, Trondheim scénarise le quotidien de son héros et de sa bande d’amis avec une acuité ludique inédite. « Je privilégie ce qui se passe entre les personnages. Les situations sont souvent des prétextes à les faire parler. » Trondheim est un dialoguiste très affûté. Et puis, il impose un choix qui n’est pas courant dans la BD française : l’anthropomorphisme animalier. Il met en avant son admiration pour Carl Barks (le dessinateur de Picsou) ou Floyd Gottfredson (celui de Mickey). Il esquisse une analyse : « Faire vivre à des personnages irréalistes des situations très réalistes, cela renforce le sens. » Et puis, réflexion faite, quelques jours plus tard (par mail) : « Je dessine des animaux parce que je suis paresseux et que c’est beaucoup plus facile et rapide à faire. Par exemple, ne dessiner que quatre doigts me fait une économie d’une seconde par main. Au bout de quinze ans d’activité, ça m’a laissé le temps de faire un album de plus. D’ailleurs, peut-être que je vais me mettre à ne dessiner que trois doigts... »

On n’attendait pas qu’il s’embarque dans la galère de l’heroic fantasy, créneau archi populaire de la bande dessinée, mais emberlificoté dans la surcharge graphique et l’intrigue boursouflée. Trondheim parle d’une « bravade », d’un défi « un peu fêlé, un peu mégalo », inspiré par son copain de toujours, l’insatiable Joann Sfar, qui carbure au rythme de dix idées par jour... Créer tout un monde, sans se priver des ressources de la parodie : la série « Donjon » sera « un croisement entre Conan le Barbare et le Muppet Show ». C’est à peu près ça, en effet... Le duo va fédérer autour de ce projet aux développements exponentiels ses copains dessinateurs, tout en gardant la haute main sur le scénario. Après vingt-six albums, et dans une chronologie des plus labyrinthiques (la saga compte au moins quatre séries distinctes, et les épisodes sont numérotés de – 99 à 104), ce spectaculaire détournement de genre a fait des adeptes accros : 20 000 à 30 000 fidèles se ruent sur chaque nouvel épisode...

Trondheim n’a, pour autant, jamais cessé de semer les titres à la volée, en séries démultipliées, auteur complet ou scénariste pour dessinateurs complices, pour les adultes, pour les petits. Et pour lui. L’autobiographie plus ou moins mise en scène est le fil rouge jamais rompu depuis Approximativement (1995), une passionnante chronique entre vie privée et travail en atelier. Il s’est raconté au début des années 2000 dans des Carnets de bord bourrés d’anecdotes et d’autodérison. il a inauguré un blog il y a quelques mois, où il se penche sur « les petits riens » de son existence de dessinateur comblé mais pas apaisé, replié dans sa maison de Montpellier mais ne ratant jamais un festival au bout du monde (1). Il résume maintenant : « Je travaille pour moi, pour m’amuser. » Mais s’il va jusqu’à évoquer « un métier un peu merveilleux », il est prudent de mettre aussitôt le bémol de cet autre aveu : « J’ai le bonheur inquiet. » Le spectre de la routine, toujours. Alors il bouge. Joue à brouiller les pistes. Désarçonne. En 2004, il faisait mourir soudainement Lapinot, son héros le plus emblématique, dans le neuvième épisode de la série. Courant 2005, il a cristallisé autour de son nom « l’affaire » de l’année. Dans un blog surgi de nulle part, un dessinateur inconnu qui signe Frantico conte au jour le jour et sur un mode hilarant ses petites misères, en particulier sexuelles... On soupçonne rapidement que Lewis Trondheim se cache derrière ce prête-nom. Il nie puis laisse planer le doute puis se rétracte, puis ne dément, puis avoue (dans Télérama no 2926). Anecdotique ? Pas tant que ça...

Rien ni personne ne l’empêchera de continuer à pratiquer la dérision comme un art martial : à froid, avec une grande maîtrise, et en ciblant ses coups. A peine avait-il été choisi comme président de la prochaine édition du festival d’Angoulême qu’il traînait dans la boue son principal sponsor (Michel-Edouard Leclerc) et demandait à supprimer la moitié des prix. Lui qui a choisi de se dessiner en rapace souvent teigneux et acerbe confirme : « A la base, je suis un emmerdeur. » Le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, n’était pas passé loin de l’essentiel quand il lui déclarait avant de le faire chevalier des Arts et Lettres (en mai 2005) : « Vous êtes un irréductible, plein d’insolence tonique et de fraîcheur acide... » C’était un compliment. Trondheim, aujourd’hui, n’en pense pas moins : « Je n’aime pas beaucoup qu’on dise du bien de moi. » Trop tard...
Jean-Claude Loiseau