Monday, April 03, 2006

LE GOUVERNEMENT PROVOQUE : LE 4 AVRIL ON BLOQUE LE PAYS !

La démocratie et la légitimité sont celles de la lutte

Le Conseil constitutionnel a « validé sans réserve » le CPE et Chirac s’apprête à promulguer la loi tandis que De Robien envoie les flics devant les lycées et que les tribunaux condamnent les premiers lycéens à de la prison ferme.
Le gouvernement provoque et a reçu, durant la journée de jeudi, une première réponse : l’approfondissement du mouvement, de nouveaux lycées basculant dans la grève et le blocage. Comme le disait jeudi le lycéen responsable de l’UNL arrêté lors d’une manifestation, « leurs provocations légitiment la radicalisation du mouvement ».
Le pouvoir, désavoué par tous les sondages, affronte aujourd’hui l’ensemble du pays en affrontant la jeunesse et en maintenant le CPE et la loi sur « l’égalité des chances », loi réactionnaire qui instaure l’apprentissage à 14 ans, le travail de nuit dès l’âge de 15 ans et prévoit un « contrat de responsabilité parentale » pouvant conduire à la suppression des allocations familiales.
Une nouvelle étape vient d’être franchie qui ouvre une crise politique. Pour l’ensemble du monde du travail et de la jeunesse, l’heure est à la préparation du 4 avril pour bloquer tout le pays, tous ensemble, pour exiger le retrait du CPE et de la totalité de la loi.

La force du mouvement

Mardi 28, nous étions trois millions, lycéens, étudiants, salariés, au coude à coude dans la rue pour refuser le CPE, le CNE, l’aggravation de l’exploitation. Un chiffre supérieur à ceux des plus grosses manifestations de 1995 et de 2003.
Alors que le mouvement s’étend depuis deux mois parmi les jeunes, que la grève et les blocages sont revotés dans les universités et se propagent dans les lycées, des centaines de milliers de salariés des petites et grandes entreprises, du privé et du public, sont pour la première fois depuis le début du mouvement descendus massivement dans la rue. Au-delà de la solidarité, chacun a conscience qu’il s’agit d’une même lutte, tous ensemble contre la précarité et la politique du gouvernement.
Mardi, dans les cortèges compacts, chacun commentait les chiffres et s’interrogeait sur la suite : comment préparer la prochaine étape, comment infliger un véritable recul au gouvernement et renverser le rapport de forces ? Aujourd’hui, cette question est encore plus à l’ordre du jour : il s’agit non seulement de ne pas laisser les jeunes seuls face à la répression et aux provocations, mais c’est tous ensemble qu’il nous faut affronter le gouvernement, exercer la pression de la rue.

La crise politique est ouverte

« La République ce n’est pas les préalables, ce n’est pas l’ultimatum » avait asséné Villepin à l’Assemblée nationale le 28 mars en réponse à l’exigence des trois millions de manifestants. Un appel au respect de la République rappelant ses propos à l’automne dernier, face à la révolte des banlieues : « Il n'est pas question que la République s'incline ».
Chirac s’apprête à promulguer la loi alors que 78 % de l’opinion ne lui fait pas confiance et que 83 % est contre le CPE. Totalement discrédité, le pouvoir prétend affronter l’ensemble du pays.
Villepin et Chirac donnent ainsi la mesure de la bataille : en exigeant le retrait de la loi, les manifestants contestent le Parlement de la République et le Conseil constitutionnel, ces institutions totalement illégitimes comme est illégitime ce gouvernement qui a imposé le CNE par ordonnance pendant les vacances d’été, a fait décider le CPE en pleine nuit par une poignée de parlementaires et a passé en force au 49-3 la loi sur l’égalité des chances.
Chirac, Villepin, De Robien fixent la barre au mouvement : imposer la légitimité des exigences du monde du travail et de la jeunesse dans la rue par la lutte, et en retour, décréter leur propre illégitimité !

La gauche et le ridicule de l’appel à Chirac…

Le Parti socialiste n’a pu faire autrement que de participer aux manifestations même s’il a bien du mal à faire entendre une différence sur le terrain de la précarité (et pour cause… ses recettes sont les mêmes : nouveaux emplois aux nouvelles initiales… et nouvelles subventions aux entreprises. Strauss-Kahn va même jusqu’à employer le vocabulaire de Sarkozy, défendant la « flexi-sécurité »). Mais s’il s’est joint au mouvement, le PS n’en est que plus pressé de trouver une issue respectant le cadre institutionnel, craignant la crise sociale et l’irruption des masses sur le terrain de la lutte.
C’est la raison de son recours devant le Conseil constitutionnel, espérant qu’un rejet du texte oblige le gouvernement à inviter les « partenaires sociaux » à trouver une issue « négociée ». Anticipant malgré tout la réponse, Fabius et Strauss-Kahn s’étaient adressés dès le début de la semaine à Chirac pour lui demander de remettre le CPE en délibération à l’Assemblée pour une « deuxième lecture », comme l’avaient demandé avant eux Hollande, Buffet et Bayrou ou, depuis, le parti radical de Borloo… Pour Fabius, c’était « la seule solution » pour sortir de « l'impasse » actuelle tandis que Strauss-Kahn estimait, lui, que le rôle de Chirac « est de mettre fin à cette situation de tension dangereuse pour le pays »…
En appeler à l’arbitrage de Chirac face à Villepin, la suite des évènements a montré s’il en était besoin le ridicule de la chose…
C’est pourtant également le sens de la lettre que les cinq confédérations (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC) ont envoyée le 28 au soir à Chirac. « Attachés aux valeurs républicaines et démocratiques, nous vous saisissons solennellement afin qu’en application de l’article 10 de la Constitution, vous demandiez au parlement une nouvelle délibération de la loi égalité des chances excluant notamment l’article 8 relatif au Contrat Première Embauche. C’est, pour les cinq confédérations syndicales, la condition nécessaire et indispensable à l’ouverture rapide du dialogue social auquel nous souhaitons participer et qui est actuellement totalement bloqué » ont-elles écrit.
Alors que nous sommes trois millions dans la rue, demander à ce même Parlement, qui depuis 2002 a voté toutes les lois réactionnaires, de revoir la loi a quelque chose de pas très sérieux... Sans compter que les confédérations ne mettent l’accent que sur le CPE et non sur l’ensemble de la loi sur l’égalité des chances.

Les syndicats entraînés par la force du mouvement emmené par la jeunesse

La jeunesse, en lutte depuis deux mois dans les universités, a mené et gagné la bataille de l’opinion. Par sa détermination, grâce à la démocratie militante de son mouvement, elle l’a élargi. Elle a entraîné et donné confiance, dans ses propres rangs d’abord mais aussi parmi les salariés. Et elle a imposé le tempo aux directions syndicales, malgré leur crainte de la crise.
La réponse des cinq confédérations syndicales, la semaine dernière, à l’invitation de Villepin à « renouer le dialogue » a finalement tourné court du fait de la pression des jeunes et des salariés : bien évidemment bredouilles et plutôt ridicules à leur sortie, les 5 n’ont eu d’autre choix que de refuser l’invitation suivante. Le Monde rapporte qu’au sortir de l’entrevue avec Villepin, Chérèque, dirigeant de la CFDT, rageait : « Villepin ne nous aide sur rien. Alors je ne vois pas pourquoi nous ferions un effort pour aider un gouvernement qui ne nous a prévenus qu'au dernier moment, sur une loi que nous n'avons pas choisie ». Un aveu… Deux jours plus tard, il confiait au même journal : « Je ne suis pas le pompier de service [...] On est courageux, on est capables de s'engager, mais on n'est pas masos »… Jeudi soir, il était dans les premiers à annoncer qu’il n’irait pas à la « grande négociation sociale » que Chirac se prépare à « proposer aux partenaires sociaux ».

Permettre aux possibilités du mouvement de donner leur mesure

Face aux tergiversations des directions syndicales qui déterminent leur attitude en fonction du rapport de forces, il s’agit aujourd’hui de militer concrètement dans les entreprises pour que, face aux provocations du pouvoir, les salariés rejoignent les étudiants et les lycéens, pour aller jusqu’au bout des possibilités du mouvement sur chaque lieu de travail. Pour les jeunes, dont beaucoup recherchent la rencontre avec les salariés, il est important de multiplier les contacts avec des syndicalistes, les solliciter, aller à la porte des entreprises, discuter de l’intérêt de s’unir pour exiger le retrait du CPE, mais aussi du CNE et de l’ensemble de la loi.
La garantie des droits des salariés, des jeunes, ne peut venir que notre lutte commune, des mobilisations pour renverser le rapport de forces, prendre sur les profits pour satisfaire les besoins fondamentaux des couches populaires. La lutte contre le CPE rejoint celle contre les licenciements, pour les salaires, pour le droit de tous à des revenus dignes, à une couverture sociale, contre le recul du départ à la retraite. Elle pose le problème du partage du travail entre tous, du contrôle du monde du travail sur la marche de la société.
L’ensemble de ces problèmes est débattu dans les AG étudiantes où les jeunes se pensent en futurs salariés. Dans les entreprises, le lien se fait entre le problème du CPE, de la précarité et tous les mécontentements, toutes les attaques subies.
La politisation de la jeunesse et du mouvement, son organisation démocratique, sa volonté de s’occuper elle-même de ses propres affaires, de contrôler sa lutte, font la force du mouvement. Sa radicalité et son indépendance sont un encouragement pour bien des militants, elles redonnent envie de se mêler des affaires publiques, de prendre part au combat politique, et d’agir de même sur son lieu de travail.

Le 4 avril : jeunes, salariés, ensemble pour bloquer le pays !

Le 28 mars a été un encouragement pour l’ensemble du monde du travail. Son succès, l’appel de l’ensemble des organisations à la journée du 4 avril et, depuis, la réponse du gouvernement, mettent à l’ordre du jour la généralisation de la lutte.
Il n’y a bien sûr aucun automatisme et chaque militant mesure les difficultés, les obstacles à surmonter. Pour cela, chacun éprouve le besoin d’y voir clair, de mesurer les rapports de force réels, de reprendre collectivement confiance, de retisser les réseaux militants à la base. Il y a une revanche à prendre sur les échecs des années passées : elle apparaît aujourd’hui à portée de main et chacun sent bien que pour cela, il faut que nous prenions nos affaires et notre lutte en main.
La lutte solidaire de la jeunesse et des salariés, des précaires, des chômeurs, avec la conscience aiguë d’intérêts collectifs communs, est quelque chose de profondément nouveau, qui donne une liberté et une indépendance qui ont permis au mouvement d’aller déjà très loin.
La semaine qui vient va permettre à tous les militants, les jeunes, les salariés, d’en prendre la mesure pour franchir l’étape suivante, être à la hauteur de la provocation du pouvoir, du bras de fer qui s’engage. Il nous faut préparer, pour le 4 avril, le blocage de tout le pays, celui des facs, des lycées et des entreprises, grandes et petites, privées et publiques.
Il s’agit de préparer l’entrée massive des salariés aux côtés de la jeunesse dans la grève interprofessionnelle reconductible pour faire céder l’adversaire.
Ce gouvernement n’a plus aucune légitimité : il doit partir.

2 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Ca sent le discours d'un mec qu'est passé des anars aux trotskos..Mais qui ça peut bien être ?

7:43 AM  
Anonymous Anonymous said...

En tout cas je souhaite bon courage à celui qui s'aventurera à mettre le 2ème message... peut-être un petit laïus sur ce salopard de ministre de l'intérieur qui s'improvise négociateur et refondateur d'une loi qu'il a pourtant pensée, lui et ses théoriciens atitrés tel Alain Minc. Rappelons qu'il reprochait à Villepin de lui avoir volé son idée au moment de la proposition de loi. Alors quand ceux qui comptent et castagnent les manifestants sont leurs interlocuteurs...

4:08 AM  

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